Un patch cutané absorbant mis au point par des scientifiques financés par l’UE offre une méthode simple, rapide et bon marché pour diagnostiquer la tuberculose.
Une équipe internationale de chercheurs a mis au point une méthode rapide, précise et non invasive permettant de diagnostiquer la tuberculose, une maladie infectieuse qui menace la vie de plus de 10 millions de personnes chaque année. Créée avec le soutien du projet A-Patch, financé par l’UE, cette nouvelle méthode consiste en un patch qui absorbe les composés spécifiques de la tuberculose détectés dans l’air emprisonné au-dessus de la peau.
Bien que la tuberculose soit une maladie soignable et curable, son diagnostic demeure un obstacle majeur. Environ 3 millions de cas actifs échappent actuellement aux systèmes de santé mondiaux et les symptômes non spécifiques de la maladie impliquent que des millions de patients reçoivent un diagnostic incomplet ou tardif. Les tests de diagnostic actuels sont également lents, trop peu sensibles ou spécifiques, et trop complexes pour les régions dont les ressources sont limitées. Ainsi, les cultures mycobactériennes requièrent 4 à 8 semaines, et les patients doivent passer au moins 3 visites avant que le diagnostic soit finalisé et que le traitement puisse commencer. Le coût constitue un autre obstacle de taille. Un frottis d’expectoration coûte de 2,2 à 8,9 EUR par examen, ce qui peut être prohibitif si l’on considère que l’écrasante majorité des cas de tuberculose surviennent dans les pays en développement, dont certains habitants vivent avec à peine 1 EUR par jour.
La nécessité d’un test rapide, bon marché et sans frottis d’expectoration pour diagnostiquer la tuberculose a mené à la création de ce patch qui se pose à l’intérieur du bras du patient. Le patch contient une poche de matériau absorbant permettant de capturer divers composés organiques volatils (COV) spécifiques à la tuberculose qui sont libérés dans la circulation sanguine par les cellules infectées et peuvent être détectés dans l’air emprisonné au-dessus de la peau. Des valeurs de COV qui s’écartent de la plage saine de COV sont le signe d’une infection par la tuberculose ou d’un risque élevé d’infection. Les COV de la tuberculose présents sur la peau sont détectés et convertis en un diagnostic sur le lieu d’intervention à l’aide d’un ensemble spécialement conçu de capteurs constitués de nanomatériaux.L’équipe de recherche a testé son patch cutané absorbant dans le cadre d’essais cliniques en Inde et en Afrique du Sud. L’échantillon de population étudié comprenait des cas de tuberculose active récemment diagnostiqués et confirmés, des volontaires sains et des cas atypiques confirmés. Le patch s’est avéré extrêmement efficace pour diagnostiquer la maladie et répondait aux critères de l’Organisation mondiale de la santé pour un nouveau test de triage de la tuberculose hautement sensible et spécifique, qui ne soit pas affecté par des facteurs débilitants tels que la contamination par le VIH et les habitudes tabagiques. Les résultats ont été publiés dans la revue «Advanced Science».
«Nos études initiales, réalisées sur un grand nombre de sujets en Inde et en Afrique du Sud, ont révélé une très haute efficacité du diagnostic de la tuberculose, avec une sensibilité de plus de 90 % et une spécificité de plus de 70 %», a expliqué le Dr Rotem Vishinkin, premier auteur de l’étude et coordinateur du projet A-Patch au Technion – Institut israélien de technologie, dans un article publié sur le site web «Medical Dialogues». «Nous avons démontré que la tuberculose peut être diagnostiquée par le biais des composés libérés par la peau. Notre défi actuel consiste à minimiser la taille du réseau de capteurs et à l’intégrer dans le patch adhésif.»
La méthode A-Patch (Autonomous Patch for Real-Time Detection of Infectious Disease) devrait permettre de poser, rapidement, facilement et à moindre coût, des diagnostics précis chez les patients atteints de tuberculose, sans avoir recours à du personnel spécialisé. Tout aussi important, cette même méthode pourrait à l’avenir être utilisée pour diagnostiquer et surveiller d’autres maladies, comme la COVID-19, dans les régions du monde qui en ont le plus besoin.
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